• Ce n'est pas se soumettre et servir son Maître parce qu'on aime ça, c'est se soumettre et servir son Maître parce qu'il ne nous viendrait pas à l'esprit de faire autrement (et aimer ça).

     


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  • Me voici de retour chez moi (enfin, chez mon Maître), quelque part en province, à gauche après la troisième vache. Au moins, ça, c'est une indication plus précise que celles de mon GPS.

    Vous l'aurez probablement remarqué, je n'ai pas été très actif le mois dernier. J'étais occupé sur d'autres projets, dont mon excellente idée de déprimer pour des raisons futiles et d'être prodigue dans la dilapidation de mon temps pour faire avancer la neurasthénie (non non, ce n'est pas une science).

    Mais hier, dans la nuit, je suis revenu, créature indistincte, mystérieuse et nocturne, hanter mon appartement et faire grincer mon plancher à chacun de mes pas, avec pour seul objectif d'augmenter ma productivité dans tout ce que je fais, y compris ce blog. Je pense que mon état d'esprit m'évitera de refaire le même pétage de plomb que la dernière fois, donc ça devrait passer.

     

    Bref, pour ce mois de Juillet, je vais essayer d'être un peu plus prolifique, ce qui n'est pas gagné, car je ne sais plus du tout quoi vous raconter maintenant.

    Donc, pour ne pas achever abruptement cet article, je vais écrire le hors-sujet promis il y a déjà quelques temps. Attention, roulements de tambour, suspense parmi les spectateurs, on retire le filet de sécurité, je m'élance dans le vide et verse mon thé dans la tasse : je vais vous parler de la thérianthropie.

     

    Ceux qui auront cherché seront forcément tombé sur la page wikipedia, et auront lu ceci :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9rianthropie

    Ainsi que beaucoup d'autre mots en-dessous de la barre de navigation. Je ne les résumerai pas ici, puisque cette page est déjà un résumé en elle-même.

     

    Donc, qu'est-ce que la thérianthropie ?

    Outre la définition folklorique/mythologique/artistique regroupant dans un même panier le loup-garou et les dieux égyptiens, il y a celle que donnent les thérianthropes eux-même, et que je résumerai personnellement de cette manière :

    « Le thérianthrope est à son espèce ce que le transgenre est à son genre sexuel. » A savoir qu'ils veulent le changer.

     

    Bon, ok, je vais faire plus clair pour tout le monde. Si quelqu'un me proposait un moyen fiable, grâce à la science, à la magie, ou à des prières au Grand Dieu Loup des Forêts, de devenir, je sais pas, un truc dans ce genre par exemple :

    http://goldenwolf.deviantart.com/art/Generic-Wolf-3953057?q=gallery%3Agoldenwolf%2F9162049&qo=23

    Je répondrais « Ok, on le fait. », suivi de « Ah zut, je dois demander l'autorisation à mon Maître d'abord » et de « C'est bon, il est d'accord, et ça l'intéresserait lui aussi d'ailleurs. »

    (Merci à Goldenwolf pour avoir offert au monde entier le dessin d'un loup anthropomorphe parfaitement générique... Ou un homme lycomorphe... enfin bref, une bestiole mi-homme mi-loup)

     

    Les thérianthropes, dans leur ensemble, sont des personnes qui ne se sentent pas dans le bon corps, ont l'impression de ne pas appartenir à la bonne espèce. Chacun se choisit donc une « bonne » espèce, en fonction de son ressenti plus ou moins personnel : la plupart sont des loups, d'autres des grands félins ou des chevaux, et le reste c'est très rare... Le point commun de tout ce petit monde étant de rêver devenir un individu de cette espèce ou une créature à mi-chemin entre celle-ci et l'espèce humaine, et pour expliquer ce désir, il ont tous des explications plus ou moins scientifiques, mythologiques ou délirantes. Car tout les thérianthropes se demandent au moins une fois dans leur vie « Pourquoi, moi, je suis comme ça ? », tout comme les masochistes se demandent pourquoi ils sont des masochistes, les homosexuels des homosexuels, les génies des génies et cætera, la liste est longue.

    Certains parleront de réincarnation foirée ou de vie antérieure ou d'âme animale, d'autre d'un dégoût des hommes, d'une proximité avec maman nature plus forte que la moyenne humaine et d'un meilleur ressenti de son instinct naturel, de la possession de gènes de cette autre espèce (je passe l'explication « scientifique », j'ai rien pigé tellement c'était confus), d'une reconsidération de son propre individu en fonction de critères divers et variés pour expliquer sa propre excentricité ou un sentiment de déphasage avec les autres et leur société, ou tout simplement de « lé loup C tro la clas lool aooouuuuuuuuu ».

    Après vous avoir fait faire un rapide tour d'horizon des différentes explications, je vais vous en épargner les détails (je ne suis pas encore tout à fait sadique, souvenez-vous en). Je vais plutôt me lancer sur comment on vit la thérianthropie au quotidien.

     

    Ce sujet-là, en vérité, est tout aussi sulfureux que le précédent, puisque beaucoup cherchent à comparer la vie thérianthropique des autres avec la leur, et, comme ils détiennent la vérité, décrètent que ceux trop différents d'eux ne sont que des kikoolol (analysez les tenants et les aboutissants de cette insulte) qui se prétendent thérian parce que c'est fun mais ne le sont pas, mais hé, c'est comme ça dans toute les communautés. On en trouve aussi des Gardiens Majestueux de la Vérité Véritable dans le BDSM.

    Bref, parce que chacun possède la meilleure façon d'être thérian, je ne vous parlerai que de la mienne, qui est de toute façon la bien plus mieux.

     

    J'ai pas mal changé ces dernières années sur ce sujet (En vérité, sur tout les sujets, mais pour l'instant, les autres sujets, on s'en fout). C'est apparu à une époque où j'allais très mal. Je quittais le cocon familial avec perte et fracas, je me retrouvais dans une petite chambre d'étudiant mal éclairée dans laquelle j'allumais la télé pour avoir du bruit et l'impression de ne pas être seul, je subissais le déchainement verbal particulièrement soutenu de mes profs de prépa, c'est la seule époque où j'ai vraiment pensé au suicide. C'est aussi durant cette époque que j'ai rencontré celui qui deviendra plus tard mon Maître, et qui fut à ce moment-là une bouée de sauvetage posée sur les vagues furieuses dans un halo de lumière perçant les nuages et la nuit (je me sens investi d'une mission divine depuis).

    Bref, avant sa rencontre, un an avant grosso modo, ce fut la révélation, le grand choc, le lever de rideau, grâce à un site mort aujourd'hui : je suis un loup. Un beau jour, je suis allé en pleine nuit dans la forêt, et j'ai hurlé (aka fait aooouuuuuuuuuuuu avec une voix enrouée car pas du tout habituée à ce genre d'exercice). J'ai ressenti ce hurlement comme une clef ouvrant une serrure fermée depuis toujours en moi. Je suis thérianthrope, c'est une certitude. Et tant pis pour qui me rétorquera « Ça ne se décrète pas comme ça après avoir lu la page wikipédia sur les loups et fait le mariole dans les bois, il faut avoir lu toute la section zoologie de la médiathèque du centre-ville pour en avoir la certitude ».

    Le collier que je porte toujours aujourd'hui a été acheté à cette époque, parce que je ressentais le besoin de me rapprocher de ma partie canine. C'est bon, pas la peine de faire des remarques incisives derrière votre écran, (incisives, canine, jeu de mots trop trop drôle rigolez s'il-vous-plait pour me faire plaisir) les masos débutants, pour prendre un exemple hautement original sur ce blog BDSM, ressentent eux-aussi un besoin de symboles physiques pour se rattacher à cette nouvelle partie de leur personnalité. D'ailleurs le mien a fait triple fonction : il m'a rattaché à la thérianthropie, il m'a rattaché au BDSM, et il m'a rattaché au lit pendant la torture. Longue vie au recyclage !

     

    Aujourd'hui, où j'en suis ? J'ai perdu ce besoin impérieux de lupinité, au point de m'être déjà demandé si ce n'était pas juste une passade de jeunesse. Mais plutôt que disparaître, je pense plutôt qu'il a eu un changement. Un peu de recul et de détachement fait souvent des miracles. Je ne parlerai plus vraiment de besoin, mais d'envie. Je ne ressens plus ce malêtre du à une erreur d'espèce, mais ça n'empêche pas le fait que j'aimerais bien devenir le milou d'un peu plus haut.

    Quand je vais hurler, je le fait parce que j'en ai envie, parce que ça me plait. La vibration des cordes vocales se répercute dans tout mon corps et ça me transporte dans un état de transe. C'est probablement ce que doivent ressentir les chanteurs professionnels quand ils chantent. D'ailleurs, j'aime bien chanter aussi, il y a cette même sensation, mais elle est plus puissante quand je hurle, plus épurée. J'ai déjà critiqué un thérianthrope (ce qui m'a valu d'être catégorisé kikoolol, mais passons) quand il me disait en substance qu'il hurlait parce qu'il était un loup et que les loups font ça. Qu'en sait-il ? C'est écrit dans tout les livres éthologiques sur les loups certes, mais que sait-il de la raison ? On dit qu'ils font ça par instinct, pour raffermir les liens de la meute, etc... Ce ne sont que des hypothèses, et toutes hypothèse peut être remplacée un beau jour par une autre, généralement plus proche de la réalité.

    Il y a quelques décennies encore, beaucoup de gens, même parmi les zoologues, pensaient que les loups étaient des animaux solitaires. Qu'aurait-il fait ? Se serait-il considéré loup et serait-il devenu solitaire, se serait-il cherché une autre espèce, aurait-il su spontanément comme par magie que les loups ne sont pas solitaires ? Les loups hurlent, certes, mais connaissons-nous les raisons de ces hurlement du point de vue des loups ? Est-ce pour le plaisir, par pulsion instinctive, par tradition, pour prier leurs dieux ? Je ne pense pas qu'on le sache aujourd'hui. Ce thérianthrope ne se conformait pas au loup mais à la vision que l'homme d'aujourd'hui a du loup, et pour cela, je critique cette façon de faire.

    Je ne cherche plus aujourd'hui, comme à mes débuts, à faire le loup. Je fais ce que j'ai envie de faire. J'ai envie de hurler, j'ai envie de marcher à quatre pattes, j'ai envie de faire du dogplay, j'ai envie de ressembler à un milou (non, pas le caniche, suivez un peu). Parfois,peut-être à force de m'imaginer « hybride », je ressens légèrement une fourrure, une queue, ou des oreilles, des membres fantômes qui ne m'ont jamais appartenu et que j'aimerais posséder. Entendre de la bouche de quelqu'un un « Putain si tu n'étais pas à côté de moi, j'aurais vraiment cru que ton hurlement venait d'une bestiole. » m'a beaucoup plu, et j'ai fait une ou deux fois ce qu'on appelle un shift.

     

    Un shift ? Oui, à chaque fois que tu écris une majuscule, tu fais un shift, me direz-vous. Sauf que je ne parle pas de ce shift là, je parle d'un shift beaucoup plus mystérieux, beaucoup plus troublant et inquiétant, le genre de truc qui va vous certifier que je suis cinglé et vous convaincre de me laisser me rétamer sans filet de sécurité.

    Comment dire... En simplifiant, tout simplement ! D'un côté, on a l'humain, et de l'autre, le loup. La plupart du temps, j'oscille entre les deux, un peu plus, un peu moins. Et le shift, c'est quand l'aiguille du cadran pique un sprint du côté du loup. Vous connaissez peut-être ces moments, où on se lâche complètement, où on fait ce qui nous vient par la tête sans y réfléchir, parfois au point d'oublier à moitié ce qu'on a fait, d'endormir à moitié notre conscience. En voilà un. La dernière fois, dont je garde le souvenir le plus vivace, je me suis « réveillé », j'étais roulé en boule sur le canapé à côté de mon Maître, en me rappelant que très confusément de ce qui s'était passé les minutes précédentes. Quand ça a commencé, j'étais à quatre pattes à ses pieds, en train de me détendre le plus possible, et je me suis tellement détendu que je suis monté à la manière d'un chien sur le canapé s'en même m'en rendre réellement compte. Je me suis couché en boule tout contre lui, et je lui ai longuement léché la main avant que je « reprenne » conscience.

    Ne commencez pas à vous dire que je vais me prendre un beau jour pour un loup-garou et agresser tout le monde dans la rue ! Les rares fois où c'est arrivé, c'était quand j'étais serein, en privé (je doute qu'en public, ce genre d'épisodes puisse m'arriver), généralement en plein dogplay, et je n'ai jamais fait preuve d'agressivité selon le seul et unique témoin : mon Maître, mon mâle alpha.

     

    Bref voilà. J'ai fait un rapide topo de ce qu'est un thérianthrope. Enfin, de la vision que j'en ait. Enfin, de comment je vis la vision que j'ai de la thérianthropie. Bon bref, voilà une nouvelle partie de moi. Maintenant, rattrapez moi les pattes s'il vous plait, je n'ai pas tellement envie de manger le sol. Promis, je ne vous mord pas. Et de toute façon, c'est pas contagieux.

     


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  • Même si je ne joue plus beaucoup aux jeux vidéos, je pense qu'on peut me considérer comme un retrogamer. Enfin, en partie en tout cas.

    Ne vous détrompez pas, ce ne sont pas les graphismes qui me dérangent, je pense moi aussi qu'il vaut mieux un beau jeu qu'un laid. Mais même si je joue parfois à ceux sortis récemment, je ne peux m'empêcher d'apprécier ceux d'il y a de nombreuses années, à l'époque de la fin de la 2D, où les machines augmentaient en puissance et les jeux en profitaient pour devenir parfois magnifiques, et aux débuts souvent abominablement laids mais pas forcément mauvais de la 3D.

    Ces vieux jeux ont un grand avantage sur leurs successeurs : cela leur arrivait d'avoir des histoires bien plus complexes que ceux d'aujourd'hui, et ils tapaient plus fréquemment dans l'originalité. Actuellement, j'ai réellement l'impression que la plupart des équipes de concepteurs concentrent tout leurs efforts sur les graphismes et c'est tout. Après tout, le reste, ça ne se voit pas sur la boîte du jeu et les bandes-annonces.

    Mais surtout, le principal avantage de l'ancien sur le récent, c'est que ce premier regorge de jeux horriblement difficiles où tu en sues, où tu risques de crever misérablement au moindre obstacle, où tu rognes peu à peu du terrain en t'y mettant bec et ongles et en priant pour trouver rapidement un point de sauvegarde (si jamais il y en a). Ils sont aussi pour pas mal d'entre eux distribués en abandonware, et ça, c'est pas négligeable quand on a aucun budget, mais ce n'est pas la question ici.

     

    Quel intérêt, me direz-vous, à jouer à un jeu infaisable, source de morts prématurées, répétitives et frustrantes ? Mis à part l'intérêt masochiste ? Le défi, rien de plus. On le connait tous, ce sentiment de satisfaction, apparaissant après avoir accompli une tâche difficile, répétitive, éreintante, quand on voit enfin notre œuvre achevée. Et ça marche aussi bien pour les jeux difficiles, ceux qui y jouent l'auront déjà constaté.

    C'est ça, pour moi, un vrai jeu. Il te dit « Finis-moi si tu peux », et il se fout de ta gueule par l'intermédiaire d'un gros game over coloré parce que, évidement, tu te plante lamentablement aux premières tentatives. Et un vrai bon jeu, c'est celui qui te tient malgré tout en haleine, qui t'incite à recommencer, encore et encore, jour après jour, juste pour le plaisir d'avoir le dernier mot et de fêter la victoire en dansant dans le salon et en mugissant de joie. Quels jeux d'aujourd'hui, souvent simples et ne durant pas plus d'une après-midi, a su vous procurer une telle extase ? Personnellement, jusque là, je n'en ai trouvé aucun.

     

    Maintenant, pourquoi je vous parle de jeux vidéos ? Tout simplement parce que j'aime bien partir d'un sujet qui n'a strictement rien à voir pour revenir sur celui qui nous intéresse sur ce blog. Ça instaure une sorte de suspense, alors, vous allez attendre encore un petit peu.

    N'en déplaise aux adversaires du jeu vidéo, je lui attribue quelques vertus. Tout d'abord, selon moi, il n'augmente pas la violence, c'est pour la plupart des joueurs juste un mélange de jeu de société et de punching-ball en un peu plus sophistiqué. Tendez un sac de frappe chez vous, ou inscrivez-vous à un club de sport, tout le monde vous dira que c'est une manière saine de se défouler. De plus, des scientifiques ont prouvé empiriquement qu'ils amélioraient les réflexes, et, à mon humble avis, les vieux jeux difficiles doivent aussi améliorer, entre autre la patience, la persévérance, la concentration et le goût du défi.

     

    La patience, la persévérance, la concentration, le goût du défi. Ce sont quatre des vertus de l'esclave et du Maître. Et de tout les autres aussi, mais ça, c'est hors-sujet.

    Bien évidement, je ne suis pas en train d'essayer de convaincre tout le monde de jouer à des jeux vidéos, on y joue si on en a envie (ou si le Maître le veut). Mais je me dis que la vie en tant qu'esclave est comme un vieux jeu vidéo : le Maître a de fortes exigences, et on se plante lamentablement encore et encore jusqu'à apprendre enfin à le satisfaire. Ce qui lui permet d'augmenter un peu plus ces exigences et de recommencer.

    J'ai déjà mentionné auparavant plusieurs théories, plusieurs raisons possibles au fait de vouloir devenir esclave, en voici une autre avec le goût du défi, le goût de la difficulté. Ou, si vous préférez, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. La réponse est simple, elle : parce que, quand c'est compliqué, réussir est beaucoup plus exaltant.

    Cela me fait penser à la religion et aux règles sociales. Les vils athées marginaux tels que moi les considèrent souvent, l'un comme un moyen inefficace et liberticide de se rassurer par rapport à la mort, et l'autre un moyen inefficace et liberticide de se rassurer par rapport aux autres et à leurs intentions.

    Je me demande maintenant s'il n'y a pas aussi, plus ou moins inconsciemment, une volonté de tout complexifier, de rajouter de nouvelles règles contraignantes pour jouer la vie en mode Hardcore. Beaucoup de personnes considèrent qu'une société rigide est meilleure qu'une société libertine, et ce n'est peut-être pas dû uniquement à un mouvement conformiste. Par exemple, n'avoir pas le droit de coucher avant le mariage peut rendre le sexe plus mystérieux, plus attirant, plus jouissif que si on peut simplement le faire n'importe quand avec qui on veut, et plusieurs maris ou femmes infidèles ont ouvertement avoué que le principal intérêt, pour eux, dans les relations extra-conjugales, c'est le goût du risque, récurrent dans les violations de tabous et d'interdits.

     

    De mon point de vue, on vit dans une société où globalement, on obtient de plus en plus de libertés individuelles et de moins en moins de responsabilités, et beaucoup de gens se retrouvent perdus, incapables de trouver un sens à leurs vies. C'est selon moi une sensation de manque de défi, et le BDSM est pour certain une solution à ce problème : d'un côté, on perd la liberté ; de l'autre, on gagne les responsabilités. Avancer sur ce chemin, apprendre à améliorer son service ou à raffermir son emprise est un défi posé conjointement, que le Maître et l'esclave affrontent en s'associant, et cela donne, étonnamment peut-être, beaucoup de sens à une vie, cela lui donne un objectif à atteindre, progressivement, en grignotant peu à peu le terrain.

     

    Un sujet de dispute récent entre mon Maître et moi (ben oui, ça arrive les disputes), c'est sa manie de dire que ce que je fais est satisfaisant, et moi, en bon esclave débutant, perfectionniste et impatient, ça me contrarie. Donner ce qui est satisfaisant, ce n'est pas suffisant, c'est donner juste une partie de ce que je peux donner, et ça me donne la désagréable impression que mon Maître se contentera de ce qui est tout juste acceptable sans jamais augmenter ses exigences. Je ne veux pas donner satisfaction, je veux donner l'excellence, donner tout ce que j'ai, de gré ou de force : c'est un objectif beaucoup plus difficile, et beaucoup plus exaltant. On ne devient pas esclave pour se tourner les pouces non plus.

     


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  • Quel est le pire ennemi d'un esclave ? Non, ce n'est pas son Maître, suivez un peu dans le fond !

    Tout le monde possède ses plaisirs, ses préférences, ses craintes, ses phobies, ses joies et ses peines, ses rancœurs et ses haines. Mais je ne pense pas me faire beaucoup d'opposants en disant qu'une crainte commune à tout les esclaves ou presque, à des degrés divers, c'est le sentiment d'abandon. Au passage, je vous prie de m'excuser de vous l'avoir fait subir deux semaines durant. :p

     

    A chaque fois que je raconte une de mes anecdotes, je me pose toujours la même question : je me demande si c'est une histoire que tout les esclaves vivent à un moment ou un autre, ou si je suis un peu particulier et que des choses assez rares m'arrivent. Mais comme elles illustrent bien mes réflexions par un exemple adapté, je persiste :

    C'était il y a longtemps, très longtemps, il y a deux ou trois ans, quelque part par là. J'en étais encore à mes débuts dans la soumission, chien de mon Maître à mi-temps. Nous étions en forêt, installés dans un coin avec des amis. Nous partîmes tout les deux en promenade dans les environs, la laisse au collier.

    C'était un moment ma foi fort agréable, jusqu'à cet instant fatidique : ne trouvant pas son briquet dans sa poche (mon Maître ne fume pas, mais un briquet peut avoir bien d'autre utilités...) il fit demi-tour en lâchant négligemment ma laisse, sans vraiment y penser.

     

    Est-ce moi qui suis particulièrement sensible – ou particulièrement chiant – ou est-ce assez commun dans la population esclave ? On distingue bien les deux possibilités : celle où le Maître lâche volontairement la laisse, car c'est sa décision, son désir, et celle où il la lâche par inattention, par négligence, par maladresse. Je ne saurais dire quels critères précis permettent de distinguer l'un et l'autre, il faudrait un jour que j'y réfléchisse un peu plus longuement. En attendant, ce que je sais, c'est qu'il est possible de les reconnaître.

    Donc, je disais, est-ce que c'est moi, ou est-ce « normal » ? Le fait de lâcher négligemment ma laisse est moralement douloureux. Une fois attachée au collier, elle devient un symbole physique puissant de mon appartenance, de ma soumission, de mon asservissement, renforçant d'autant plus la sensation que j'en ai. J'ai l'habitude de dire, même si je fais le mouton là-dessus, qu'un bon esclave ne se sent pas soumis et asservi quand il porte le collier, mais il se sent aussi ainsi quand il ne le porte pas. Pour l'instant, je ne suis pas à ce niveau-là, pas encore, et les repères physiques, visibles, ont encore une forte influence sur moi.

    Je disais donc, la laisse devient un symbole fort de la domination et de l'affection qui nous lient, mon Maître et moi. Et que se passe-t-il, s'il perd la laisse, négligemment, sans même le remarquer ? C'est un symbole qui se brise, et, avec lui, ce qu'il représente. S'il fait si peu attention à la laisse attachée à mon cou, m'accorde-t-il vraiment de l'importance ? Tient-il vraiment à moi ? Soudainement séparé physiquement du Maître, on se sent séparé émotionellement de lui, on lui trouve, tout d'un coup, de l'indifférence à notre égard. Ainsi commence le sentiment d'être abandonné par lui.

     

    Cet effet n'existe pas dans le cas où il me lâche volontairement. Parce que la « libération » est accompagné d'un ordre, ou d'une explication, ou même parce que l'attention du Maître se reporte ne serait-ce qu'un instant sur moi, et je le remarque, je comprend qu'il me lâche volontairement, pour une certaine raison qui existe même s'il ne me la dit pas. Le simple fait d'avoir son attention reporté sur moi, même un instant, suffit généralement à désamorcer ce sentiment. C'est une annulation de la symbolique de la laisse avant que le lien ne soit rompu, c'est un message transmis tacitement : « Je vais te lâcher, mais ce n'est pas pour autant que tu dois te sentir déchargé de toute servitude. »

     

    Vous l'aurez compris, le sentiment d'abandon est, je pense, l'impression d'être libéré de toute servitude, de ne plus avoir de Maître, ne plus ressentir l'étreinte rassurante de son autorité. Pour un esclave, il n'y a à mon avis pas grand chose de pire, émotionellement parlant, que soudainement ne plus être asservi à un Maître. Une fois qu'on a goûté à la servitude, on ne peut plus s'en passer.

    Quand je suis devenu esclave, j'ai eu la sincère impression d'être enfin à ma place, d'avoir trouvé mon rôle dans la vie. Je ne crois pas au finalisme, cette doctrine expliquant que tout ce qui existe a un but enraciné dès sa création au plus profond de son identité, et dont ce serait un crime contre l'Univers de se détourner. Mais cela ne m'empêche pas, depuis mon asservissement, de ressentir une cohérence comme jamais auparavant entre ce que je suis et ce que je vis, ce que beaucoup de gens doivent décrire comme « enfin se sentir vivant ». Le sentiment d'abandon, c'est la perte de cette cohérence.

     

    D'un autre côté, si c'est le pire ennemi de l'esclave, ou plutôt sa pire crainte, c'est aussi, je crois, un allié du Maître. Savoir générer à volonté ce sentiment chez sa propriété lui donne un contrôle difficilement égalable. Il y a peu de punition plus insupportable pour un esclave que de ne plus pouvoir servir son Maître. A mon sens, les punitions doivent être exceptionnelles, à la fois dans leur rareté et dans leur gravité. Au niveau gravité, nous avons là du lourd.

    Il y a visiblement un discours assez à la mode ces derniers temps chez les Dominants, du peu que j'ai pu en voir. Il considèrent, peut-être avec un peu de fatalisme, que le véritable dominant du « jeu », celui qui décide de comment se passe la relation D/s, c'est le soumis. Certes, on ne peut pas absolument tout faire avec un soumis donné, c'est un fait. Si on pouvait affirmer le contraire de l'un d'entre eux, alors on serait tombé sur un soumis parfait, et un soumis parfait, ben ça existe pas. Et même s'il existait, il serait déjà mort écartelé depuis longtemps à force que les Dominants se le soient disputés.

    Donc oui, votre domination a des limites, différentes en fonction des soumis et de leurs spécificités. Mais sincèrement, pensez-vous ne pas avoir votre mot à dire ? Pensez-vous être nos marionnettes ? Et même si c'était le cas, comment, vous, mesdames et messieurs les Dominants (je met de côté le cas un peu particulier des « switchs »), qui voulez contrôler et ne point être contrôlés, pouvez-vous accepter cet état de fait ?

     

    Si un soumis refuse de servir d'une certaine manière, il y a une technique très simple que j'ai déjà vu décrite par plusieurs Dominants. Mon Maître l'a déjà utilisé une fois ou deux, même si ce n'est pas vraiment un réflexe chez lui, par manque d'expérience et d'habitude (ça viendra, ça viendra). Il suffit de mettre un peu d'exigence et de tout-ou-rien dans sa façon d'agir : « Soit tu me sers comme je te l'ai ordonné, soit tu ne me sers plus du tout ». Et au Dominant de refuser catégoriquement tout service que son soumis lui rend et de se montrer totalement indifférent vis-à-vis de son petit protégé, bref, de l'« abandonner » jusqu'à ce que celui-ci consente à faire ce qu'on lui a demandé. Dans ce petit jeu, en tout cas entre mon Maître et moi, je sais déjà qui craque le premier, et cela lui assure le contrôle de notre relation.

     

     

    P.S. : Je viens de me rendre compte, après relecture de cet article, qu'il peut prêter à confusion. Il y a deux sentiments qu'on peut qualifier « d'abandon » dans ce genre de relation : celui de se sentir abandonné par le Maître, que j'ai traité ici, et celui de s'abandonner dans les mains du Maître, de lui donner toute responsabilité, de baisser toute les barrières et de développer, momentanément hélas, une obéissance aveugle et inconditionnelle, de se concentrer uniquement sur son désir de servir le Maître et de lui plaire. Bref, de passer en état agentique, comme le nomme Stanley Milgram. Ce sentiment-là, je le traiterai peut-être dans un autre article. ;)

     


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  • ... Ils me rappellent que les choses peuvent changer.

     

    Je suis le cadet d'une famille nombreuse, le second enfant, et j'ai l'impression que ce que je m'apprête à vous raconter est assez fréquent, à la lumière de mes recherches sporadiques sur le sujet. Je crois avoir déjà répété quelque part la phrase d'un autre, à savoir environ : « On n'apprend pas à vouloir dominer, mais on apprend à dominer. »

    Ben ici, c'est pareil : on n'apprend pas à vouloir être parent (encore que, c'est un peu le rôle du conformisme), on apprend à être parent. Et comme il n'y a pas d'école de parentage, ben on apprend sur le tas.

    Du coup, ça donnerait grosso modo ça : le premier gamin, on répond à tout les cris, à tout les pleurs, on s'inquiète, on console, on soulage. Le deuxième, légèrement blasé et habitué aux caprices, on le laisse quelque peu crier dans le vide, faire ses caprices dans le vent, on le laisse se relever tout seul quand, pour son ainé, on accourait pour le relever soi-même. Les suivants, ayant pris le coup de main, on se donne enfin un rôle équilibré entre l'aide et l'apprentissage de l'autonomie.

    Qu'est ce qui en ressort ? Dans le cas du cadet, il aura pu constater, pendant toute sa petite enfance, qu'il a beau pleurer, crier, trépigner, appeler à l'aide, rien ne se passe. Il n'influence en rien le cours des évènements. Fort de cette observation, il y a des chances que dans son enfance, puis son adolescence, il se donne moins la peine que les autres de tenter de modifier le cours des choses, habitué à ne pas pouvoir les changer, et il va apprendre qu'il ne contrôle rien. Les cadets sont socialement prédisposés à faire preuve de fatalisme.

     

    Pourquoi je vous raconte ça ? Je ne sais pas. Peut-être pour tenter d'exorciser ma propre résignation, peut-être pour donner un aperçu plus réaliste de moi. Je ne sais pas de quoi j'ai l'air au travers de ce blog, mais je suppose que, jusque là, j'ai mis en valeur les qualités et occulté les défauts.

     

    Je me suis déjà posé la question du rôle du fatalisme dans l'esclavage consenti. Après tout, c'est la perte volontaire de tout contrôle sur notre vie. N'est-ce pas, en vérité, un moyen, conscient ou inconscient, de conformer notre vie à notre vision du monde, pour ne pas avoir à la remettre en cause ? Ne serait-ce pas un moyen de s'assurer d'une force supérieure dirigeant notre vie, à laquelle on peut se résigner sans risque de se tromper sur son existence ? Le fatalisme est peut-être bien une des raisons du désir de servitude, mais, à mon avis, elle n'est ni nécessaire, ni suffisante.

    Il faudrait faire tourner un sondage dans la population BDSM, pour vérifier s'il y a ou non une majorité de cadets parmi les soumis et les esclaves. On pourrait même faire la même chose pour les Dominants et les Maîtres, pour vérifier s'il n'y a pas une majorité d'ainé, ayant appris dans leur petite enfance qu'ils contrôlent leur environnement, voire on eu à s'occuper de leurs petits frères et petites sœurs une fois plus âgés. Mon Maître est dans ce cas : il est l'ainé de sa fratrie.

     

    Mais même si le fatalisme m'a peut-être conduit à l'asservissement volontaire, ça n'en devient pas une qualité pour autant. Elle me ferait désirer la servitude, mais surtout, elle me donne souvent l'impression que c'est inutile, que tout effort est vain, que je ne serai jamais un esclave. Je ne me sens pas capable de le devenir, je ne sens pas mon Maître capable de devenir véritablement un Maître.

    Évidement, mon Maître a des qualités et des défauts, et des blocages à supprimer avant de s'accomplir en tant que Dominant, autant que j'en ai moi-même. Mais au lieu de m'aider, et au lieu de l'aider, à s'approcher de notre but commun, je pers souvent espoir. Je m'en veux de ne pas être esclave, et je lui en veux de ne pas être Maître, car, comme nous ne le sommes pas encore, je ne peux m'empêcher de me persuader que nous ne le serons jamais. Je suis plus un obstacle qu'une aide dans notre évolution.

     

    Nous traversons des temps difficiles. Je ne sais plus si je l'ai déjà dit quelque part, mais quand j'ai commencé ce blog, nous étions déjà logé chez quelqu'un, pour raisons techniques, et nous risquons fort d'y être pour de nombreux mois, presque jusqu'à la fin de l'année. Une éternité pendant laquelle nous n'avons pratiquement pas d'intimité, et où mon Maître ne peut généralement pas m'utiliser à sa guise. Je fais ce que je peux pour me montrer soumis et serviable, et il fait ce qu'il peut pour me dominer et me contrôler, mais notre relation D/s s'est nettement adoucie depuis que nous avons dû abandonner son studio pour un an.

    Et les souvenirs me dépriment, j'ai l'impression d'avoir régressé, ça me conforte dans l'idée que nous ne parviendrons jamais à un véritable esclavage. Je saute, sans vraiment y réfléchir sur la moindre erreur, la moindre faille, le moindre affaiblissement de mon Maître et de son autorité pour remettre en doute ma soumission, nos chances d'y parvenir. Il n'arrive pas toujours à contrer ces attaques, et cela finit en dispute. Oui, pour ceux qui en douteraient, ça existe les disputes dans les relations Maître/esclave. Au moins dans leurs débuts en tout cas.

     

    Enfin... Je vais tout de même finir sur une note d'espoir : contrairement à il y a quelques temps, je ne remet plus en doute mon désir d'être asservi. Et ça, c'est bien un changement positif, non ?

     


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