• Bon, l'érotisme n'est pas du tout mon domaine de prédilection. Malgré tout, j'ai écrite celle-ci, un peu par défi. Ne vous étonnez pas si vous n'y trouvez rien d'innovant, il n'y a que du très classique ici. Bonne lecture à tous

     

     

     

    Cela faisait une ou deux minutes qu'il était là, à genoux au sol. Il gardait docilement la tête baissée, le dos droit, les mains posées sur ses genoux, calme et patient. Il n'osait lever les yeux vers Elle. Il devait le faire, il le savait, mais il n'osait pas.

    Elle était juste devant lui, immobile, et il pouvait ressentir Sa présence, le poids de Son autorité, l'étreinte de Son contrôle.

    « Alors, esclave, on a envie de se faire torturer ? » dit-Elle quand il se décida enfin à La regarder.

    Oh, oui Maîtresse, répondit-il d'une voix douce, empreinte de soumission. J'aimerais me faire torturer.

    Il gigota un peu sur ses genoux, peu habitués à un tel traitement.

    « Est-ce que tu crois l'avoir mérité ? »

    Euh, je... je ne sais pas, Maîtresse... J'espère.

    « Nous allons voir ça. Nous allons voir si tu es aussi obéissant que tu semble le croire. Oui, tu auras de la douleur, mais Je ne ferais que te donner des ordres. Tes tortures, tu te les infligera toi-même. Tu as bien compris ? »

    Euh... Oui, Maîtresse...

    « Bien. Très bien. Va chercher le verre sur la table et revient. Il est pour toi. »

    Merci Maîtresse.

    Il se leva devant Elle, s'inclina avec déférence, et se dirigea vers la table derrière lui. Une flûte à champagne pleine l'attendait. Il l'attrapa rapidement, et revint se mettre à genoux. Devant Elle, il commença à lever le verre à ses lèvres, mais reconnu à l'odeur le liquide qui y avait été versé.

    Il leva des yeux dégoûtés vers sa Maîtresse, ne s'étant pas attendu à ce genre de boisson. C'était de l'urine.

    « Allez, bois. Bois tout, sans t'arrêter, et lentement pour bien savourer. » Disait-Elle alors.

    Bien, Maîtresse...

    Et il porta le verre à ses lèvres. Le liquide salé était encore tiède, et la saveur amère de l'urée le fit grimacer. Il but lentement, par petites gorgées, et me goût lui resta dans la gorge et sur la langue.

    « Bien. Maintenant, on peut commencer. Tu es prêt à obéir ? »

    Oh oui Maîtresse, je Vous obéirai, répondit-il en se penchant vers Elle, rapprochant timidement sa main vers Elle. Il put La toucher délicatement, et ressentir du bout des doigts Sa douceur.

    « Alors redresse-toi et obéis ! »

    Il se redressa d'un coup, de peur de décevoir sa Maîtresse.

    « Prend le martinet et fouette-toi le dos. »

    Il attrapa le martinet à côté de lui, et commença aussitôt à se flageller.

     

    Les lanières zébraient de douleur son dos, infusant dans sa chair l'excitation de la torture. D'un moulinet du bras, il faisait tournoyer vivement le martinet, une fois au-dessus de chaque épaule, et les lanières descendaient jusqu'au bas du dos. A chaque coup, il les comptait : un Maîtresse, deux Maîtresse, trois Maîtresse... En baissant la tête, il voyait son pénis s'allonger et se durcir peu à peu, et il sentait son cerveau tremper dans l'adrénaline et l'endorphine, tout un cocktail chimique appelé en renfort pour transformer la douleur en délice.

    Au bout d'une centaine de coup, il releva les yeux vers sa Maîtresse, lentement, ne voulant pas gâcher sa propre flagellation.

    « Plus fort. » disait-Elle sobrement.

    Et il se donna une autre centaine de coups.

     

    « Bien. Ça suffit. Allonge-toi sur le dos, les jambes bien écartées, et fouette. Queue, couilles, anus, flagelle-moi tout ça. »

    Oui Maîtresse, répondit-il, essoufflé.

    Il posa son dos brûlant sur le sol froid, écarta les jambes, et reprit aussi fort la flagellation.

    Ses gémissement devinrent des cris de souffrance et d'extase, tandis que ses organes génitaux rougeoyaient sous les coups. Il ne comptait plus, il ne pouvait plus articuler correctement avec la douleur et le cerveau noyé dans la volupté. Il perdit le compte à trois reprises.

    Sous le martinet, son phallus avait des spasmes de jouissance, mais le sperme ne sortait pas. Pas encore.

    Il regarda à nouveau sa Maîtresse.

    « Bien. C'est très bien. Tu es bien obéissant à ce que je vois. Redresse-toi et prend le gode. Tu sais ce que tu as à faire. »

    Oui Maîtresse, parvint-il à articuler.

    Ill se releva péniblement, et le mouvement le fit gémir de douleur. Il alla chercher le godemiché.

    C'était un modèle très pratique, avec une ventouse à sa base. Aussi put-il le fixer solidement sur un petit tabouret qui lui arrivait aux chevilles. Il le badigeonna d'un lubrifiant très spécial, comme sa Maîtresse avait coutume de le lui faire subir. Cela faisait déjà de nombreuse fois qu'il se faisait sodomiser à la sauce harissa.

    Il s'assit lentement sur le tabouret.

     

    Les vingt-six centimètres du godemiché tartinèrent la harissa sur toute la paroi, et une sensation de brûlure prit son ventre, comme un incendie se déclarant dans ses entrailles. Il ne pouvait s'empêcher de haleter la douleur de ses boyaux.

    Une fois les fesses posées sur le bois du tabouret, l'anus dilaté, il regarda à nouveau sa Maîtresse.

    « Enfile les gants, et commence un mouvement de va-et-vient. Quand le gode glissera bien... Tu connais la suite, n'est-ce-pas ? Et tu comprimes bien. »

    Oui Maîtresse, fit la réponse haletante.

    Il enfila les gants en latex, de simple gants de nettoyage, et commença le mouvement de va et vient, intensifiant la sensation de brûlure. Une fois bien lubrifié et bien incendié, il cala dans chaque paume une feuille d'ortie.

    Prenant ses testicules dans la main droite, il les tira et les écrasa autant que possible, et de sa main gauche, il se masturba en serrant son phallus aussi fort qu'il le pouvait entre ses doigts.

     

    C'était difficile de tout faire en même temps. Ses jambes travaillaient à le lever et à l'abaisser au-dessus du tabouret, sa main droite malaxait ses testicules, et sa main gauche faisait elle aussi des va-et-vient. Avec la douleur omniprésente, il n'arrivait pas à tout coordonner, et il mit longtemps avant de réussir à se faire éjaculer. Le sperme gicla sur le sol et le mur devant lui, pendant que son crâne se court-circuitait de plaisir.

    Il se rassit sur le tabouret, épuisé, rouvrant ses mains tremblantes. Ses boyaux brûlaient, ses organes génitaux souffraient de la compression et des toxines des plantes. Même ses cuisses et ses mains avaient des douleurs musculaires. La douleur allait rester un bon moment, et les courbatures plus encore.

    Il releva à nouveau des yeux hébétés vers sa Maîtresse.

    « C'est bien, Je suis content de toi. Tu es un bon esclave. »

    M... Merci Maîtresse, répondit-il, lentement et avec difficulté. Il se pencha à nouveau vers Sa Maîtresse, voulant La toucher.

     

    « Maintenant, lèche ton sperme, et range tout ça à sa place. »

    Tout de suite, Maîtresse, répondit-il, toujours aussi hébété.

    Il se releva lentement, en tremblant, et le godemiché ressortit avec un bruit de succion. A quatre pattes au sol, il lécha sa propre semence, onctueuse et sucrée.

    Puis, en titubant, il ramassa et jeta les orties, enleva les gants, nettoya le godemiché et le rangea avec le martinet, puis revint se mettre à genoux devant sa Maîtresse.

    « C'est bien. Je suis fier de toi, Mon esclave. »

    Merci Maîtresse.

    Il caressa à nouveau Sa surface lisse, puis il La détacha du mur et La rangea délicatement dans Son tiroir.

     

    Une fois sorti de son hébétude, il pensa avec ironie à combien une simple feuille de papier et quelques mots imprimés dessus pouvaient prendre le contrôle d'un homme.

    Mais ne vous inquiétez pas, on préfère les Dominant(e)s en chair et en os. ;p

     

    Alors...

     

    Vive le Nécronomicon ! \o/

     

     


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  • Un petit (petit ? O_o" Je n'utilise pas souvent les smiley, mais là, ça le mérite) poème écrit au sujet de certaines "dérives". Pour faciliter la lecture, puisque plusieurs personnages prennent la parole, je leur ai attribué à chacun une couleur. En outre, j'ai eu envie de diviser le poème en sept actes. Voilà, bonne lecture à tous.

     

    1

    Des pierres sont cachées, de-ci, de-là,
    Dans la terre meuble sous nos pieds,
    Dormant dans la douceur, au loin du froid
    De la surface de leurs contrées.

    Mais parfois la vie les en sortira,
    Qu'advient-il, pouvez-vous demander.
    L'une d'entre elles, aujourd'hui, s'éveilla,
    Voici, je conte sa destinée :

    La pluie emporta un pan de terrain,
    Précipitant ainsi sa venue,
    Et tout le Soleil d'un nouveau matin
    Réchauffa sa surface grenue.

    Je voudrais que cette ardeur
    Pénètre jusqu'en mon cœur.
    Qui m'en fera la faveur
    Du pouvoir de son labeur ?

    2

    Toi, soit la bienvenue, tu es à la surface,
    Où chaque pierre, par bonheur,
    Offre ce qu'elle a de meilleur.
    Tu cherches la chaleur. Vois, elle te fait face,
    Et je vais plus t'en insuffler
    Que tu ne pourrais l'espérer.

    Je te connais, je sais ce que tu veux,
    Je dis que tu me plais déjà.
    Je suis ta vie, l'espoir de tout tes vœux,
    Aie donc confiance en moi, car tu m'appartiendra.

    Mais regarde-toi, roche, impure que tu es :
    De plus en plus, tu subiras
    Les coups de mon art pour cela.
    Tu sais, ça te plaira, c'est ce dont tu rêvais,
    Car je viendrais te travailler
    Plus que tu ne peux supporter.

    Je te connais, je sais ce que tu veux,
    Je dis que tu me plais déjà.
    Je suis ta vie, l'espoir de tout tes vœux,
    Aie donc confiance en moi, car tu m'appartiendra.

    Bienvenue à la Joaillerie,
    Bienvenue au rêve exaucé.
    Bienvenue là où notre joie luit
    Dans l'éclat de nos duretés.

    Bienvenue aux contrées où ton cœur
    Pourra enfin se réchauffer,
    Où tu exhibera ton bonheur,
    Nous verrons jusqu'où pourra te tailler
    Le matériel de ton joaillier,
    Si tu pourra augmenter ta valeur.

    3

    Ainsi notre pierre fut entrainée
    Très loin de sa quête de chaleur,
    Car c'est un cœur gelé et desséché
    Qui ne lui apporta que douleur.

    Après que la rancœur et les regrets
    Aient dilué ses espoirs rêveurs,
    Quand il eut finit de la fissurer,
    En elle monta une clameur :

    Fuis-le !

    Fuis-le !

    Retournant des monts entiers
    En hurlant sa colère,
    Il veut te récupérer,
    Cet avaleur de pierres.

    Il vomit tout son magma
    Aux relents de tiédeur
    Pour insulter ton éclat
    Et attiser ta peur.

    Et tout là-haut, ce Soleil moqueur
    Me cache sa lueur.

    Je voudrais que cette ardeur
    Pénètre jusqu'en mon cœur.
    Qui m'en fera la faveur
    Du pouvoir de son labeur ?

    Existe-t-il, ce doux sauveur,
    Peut-on au moins l'imaginer ?
    N'est-il pas là pour me torturer,
    Ce cauchemar menteur ?

    Que cette vie peut être traitre,
    Que son sot espoir désespère.
    S'il vous plait, remettez-moi en terre,
    Je voudrais disparaître.

    4

    Que meurent mes illusions
    Avec leur meurtrier :
    L'espoir d'une perfection
    Me faisant rayonner.

    Abandonnée sur ma terre
    Qui me reste fermée,
    Je suis, opaque et grossière,
    Punie et oubliée.

    Et tout là-haut, ce Soleil moqueur
    Me cache sa lueur,

    Et je sais que cette ardeur
    N'atteindra jamais mon cœur.
    Elle apporte la langueur,
    Et m'impose le malheur.

    Existe-t-il, ce doux sauveur,
    Peut-on au moins l'imaginer ?
    N'est-il pas là pour me torturer,
    Ce cauchemar menteur ?

    Que cette vie peut être traitre,
    Que son sot espoir désespère.
    S'il vous plait, remettez-moi en terre,
    Je voudrais disparaître.

    5

    Qui es-tu, être infâme,
    A m'attraper doucement ?
    Des traitrises se trament
    Sous tout tes gestes prudents.

    Crois-tu que je ne le sais pas ?
    J'ai rencontré ton engeance.
    L'un des tiens profita déjà
    D'un rêve et le fit souffrance.

    Quels sont les serments que tu colportes,
    Et que tu niera à la fois ?
    Ne crois-tu pas ma peine assez forte ?
    Dis-moi ce que tu veux de moi !

    Je veux, petite pierre,
    Te tailler, te polir,
    De mes mains te parfaire,
    Ce serait mon plaisir.

    Je veux voir s'estomper
    Ta fissure indiscrète,
    Et te voir scintiller
    De tes milles facettes.

    6

    Mais la chaleur de tes mains
    N'aura pas ma candeur,
    Elle est enfermée trop loin,
    Scellée dans ma torpeur.

    Quelle envie viens-tu chérir !
    En me parlant d'un mythe,
    Me piéger de mon désir
    Dans le froid qui t'habite,

    Et tout là-haut, ce Soleil moqueur
    Me cache sa lueur.

    Je voudrais que cette ardeur
    Pénètre jusqu'en mon cœur.
    Qui m'en fera la faveur
    Du pouvoir de son labeur ?

    Existe-t-il, ce doux sauveur,
    Peut-on au moins l'imaginer ?
    N'est-il pas là pour me torturer,
    Ce cauchemar menteur ?

    Que cette vie peut être traitre,
    Que son sot espoir désespère.
    S'il vous plait, remettez-moi en terre,
    Je voudrais disparaître.

    7

    Si tel sera ton souhait,
    Mais avant de t'oublier,
    Permet-moi de te réchauffer.



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  •  C'était une habitude digne d'être nommée rituel : tout les jours depuis près d'un mois, sans la moindre exception, Joseph se rendait dans son bar fétiche, à 17 heures environ, pour n'en ressortir que trois heures plus tard. Ce bar avait l'avantage d'être à la fois près de son domicile et de son lieu de travail, et, pour rien au monde, il n'aurait accepté de reporter l'heure de son arrivée.

    La façade de l'établissement se trouvait dans une petite ruelle, un peu en retrait des grands axes de circulation, et c'était presque un miracle que Joseph l'ai remarquée un jour. C'était une simple porte perçant le mur entre deux fenêtres, et rien n'aurait pu laisser supposer l'existence de ce lieu, si ce n'est l'écriteau discret au-dessus de l'entrée. « Le Bar de la Patience », indiquait-il aux passants attentifs.

    Quand Joseph entrait, à chaque fois qu'il entrait, cela le rassurait de voir que rien n'avait changé depuis la veille. Les quelques lampes au plafond éclairaient efficacement la pièce, et les murs, clairs et nus, peints uniformément dans un ton donnant sur la pêche, venaient l'égayer. Elle était meublée de quelques tables de bois, sobres et fonctionnelles, occupées par quelques consommateurs, principalement des habitués, et agencées de manière à faciliter la circulation. Tout le long du mur de gauche, le bar étirait son comptoir, et le mur de droite était percé par la porte rouge.

     

    Joseph se dirigea machinalement vers sa place favorite, appuyé au milieu du comptoir, bien en face de la porte rouge, lui tournant le dos. Michel était là, toujours à son poste, prêt à servir chaque consommateur se présentant dans son établissement. Derrière lui s'étalait une quantité étonnante de bouteilles, toutes différentes les unes des autres. Il devait y avoir là tout les alcools de fruit, de céréales, de riz, de pomme de terre, d'agave. Il y en avait de tout les degrés et pour tout les goûts. On pouvait même trouver au détour des étiquettes des mots à peine connus, voire pas du tout : de l'arack, de la boukha, de la kahlua, du pisco, du yupioca ou de la frênette. Jusqu'à sa découverte, Joseph n'avait pas même imaginé qu'on puisse obtenir un alcool en faisant macérer des feuilles de frêne. Aux bouteilles d'alcool (on pouvait décemment se demander où Michel se procurait certaines d'entre elles), se rajoutaient autant, voire plus encore de boissons non-alcoolisées, et la liste des cocktails disponibles était interminable.

    Il avait déjà discuté de l'intérêt d'une telle diversité avec le barman. Ce dernier avait répondu simplement que cela pouvait être utile, pour chacun de ses consommateurs, de connaître toute ces saveurs et de savoir reconnaître les bonnes bouteilles et les bons résultats. Aussi Joseph avait décidé de les apprendre : chaque jour, il faisait un choix différent.

    Après les banalités d'usage, Michel lui demanda ce qu'il voulait consommer. « Montre-moi à quoi ressemble un bon Bourbon, s'il-te-plait. » fut la réponse. Le barman trouva la bouteille sans aucune hésitation, et lui servit le breuvage ambré, payé aussitôt. Joseph examina sa couleur, huma son parfum, goûta son arôme, et approuva.

    « Il y en a eu beaucoup aujourd'hui ? » demanda-t-il alors. « Non, lui répondit le gérant,ça a été assez calme aujourd'hui. Mais t'inquiète pas, un jour, ton tour viendra. » lui répondit-il d'un ton amical. Joseph l'espérait lui aussi. Avant de vider toute les bouteilles si possible.

     

    Il se retourna vers la salle tandis que Michel servait un autre habitué. Il connaissait déjà presque tout les clients de vue, même s'il n'avait jamais parlé à la plupart d'entre eux. Ce qui ne l'empêchait pas d'écouter. Il entendait régulièrement des espoirs, des craintes, des conseils, des témoignages. Certains d'entre eux avaient déjà franchi la porte rouge.

    Joseph ignorait toujours ce qui se trouvait exactement derrière. Il savait juste qu'elle s'ouvrait sur un bar mitoyen à la Patience : le Bar de la Découverte, écrin d'un désir tenace. Il donnait sur la même ruelle, avec une façade tout aussi discrète. Il n'y était jamais entré, car il ne le pourrait ni ne le voudrait. Le seul passage qui lui permettra d'y accéder sera la porte rouge, et elle ne pouvait être ouverte de ce côté-ci.

    Une fois, il s'était risqué à regarder par une fenêtre de la Découverte, mais des rideaux aux couleurs chatoyantes et séductrices lui avaient interdit la vue. Alors, il devait se fier à ce qu'il entendait, bon comme mauvais, positif comme négatif. Il avait demandé son avis à Michel. Après tout, les deux bars étaient gérés par le même couple. Elle tenait la Découverte, et lui la Patience. Il devait savoir, il savait ce qui se trouvait de l'autre côté de la porte rouge. Michel lui avait répondu par énigme. Parfois hélas, pour quelques malchanceux, le Bar de la Découverte devenait le Bar de la Déception...

     

    Alors qu'il buvait une autre gorgée de Bourbon, il entendit la porte rouge s'ouvrir, des bruits de pas entrant dans la salle, et tout les clients, ou presque tous, se précipiter en les entendant. Il les imaginait, en demi-cercle autour de l'ouverture, à genoux, le regard baissé ou les yeux suppliants. Il les imaginait, mais ne les regardait pas. Il aimerait les rejoindre, mais ne le faisait pas. Il résistait à la tentation et n'esquissa pas un geste. Il restait assis, le dos tourné, effronté qu'il était. De dos, la Déception aurait plus de mal à le voir.

    C'était un défi qu'il voulait lancer à tout ceux qui ouvriraient la porte rouge : avec moi, il y a du travail à faire, un investissement de temps et d'effort est nécessaire. Les tristes témoignages qu'il put entendre à la volée tout au long du mois avait refroidi certaines ardeurs, dissipé certaines illusions. Il n'était pas bon de traverser la porte rouge avec n'importe qui. Certains des habitués de la Découverte prenaient justement le temps de se découvrir, de discuter, d'établir des bases relationnelles, mais ce n'était pas le cas de tous. Avec les autres, directs, trop directs, ça allait souvent droit au mur.

    C'est pour ça qu'il lançait ce défi : celui qui le choisira ne l'emmènera pas à un mur. En tout cas, il l'espérait... Et tant pis si ça rallongeait considérablement son temps d'attente.

    Déjà, la porte se referma. Il n'y avait eu aucune parole, le silence s'était installé tout ce temps. L'une des personnes à genoux avait été choisie, au visage, à la posture, et avait été entrainée dans l'autre bar pour y découvrir ce qui l'attendait. Joseph lui espérait de la chance. Dans quelques jours, peut-être l'heureux élu viendra-t-il témoigner lui aussi de ses découvertes ou de ses déceptions. En attendant, les autres se levèrent, reprirent leurs places et leurs conversations, et Joseph finit son verre. Patience, patience, ton tour viendra.

     

    Ce jour-là fut infructueux. La porte rouge ne s'ouvrit pas une fois de plus en trois heures. Durant tout ce temps, il resta assis à la même place, parlant peu, écoutant beaucoup, puis reparti en direction de chez lui. Le lendemain allait être identique à ce jour-là. Se lever, manger, travailler, revenir à la Patience. Mais peut-être que le lendemain, ce sera le bon jour. La porte rouge s'ouvrira, quelqu'un traversera la pièce, lui intimera de finir son verre, et le tirera jusqu'à l'autre bar. Oui, demain, ce sera peut-être enfin son tour.

     


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